Pour éviter une perte de contrôle des données, une seule solution : la bonne gouvernance

Sans gouvernance, menace suprême en perspective : attendez-vous à une perte de contrôle probable de vos données

Xavier Laignel - expert Information Life Cycle
Xavier Laignel - expert Information Life Cycle

À en croire nos interlocuteurs, une majorité d'entreprises manquent clairement de visibilité sur la gestion de leurs données. «Le constat est clair, il manque dans les entreprises une gouvernance et un réel manque de conviction pour la gestion des données. Par exemple, concernant l'archivage, nombreuses sont les entreprises à conserver des données pendant 20 à 30 ans alors qu'elles n'ont plus aucune valeur légale ! De plus, le problème n'est pas uniquement lié à la quantité des données, mais aussi à la qualité de la donnée. Celle-ci doit être, aujourd'hui, utilisée à bon escient. Si j'ai multiplié par deux ma capacité de stockage, mais, en parallèle, j'ai multiplié par quatre la qualité, où est le problème ? En revanche, si je multiplie ma capacité et je n'en tire aucune valeur, cela pose problème », explique Jean-Baptiste Ceccaldi, PDG et fondateur de Sentelis. Selon Steria, par manque de gouvernance, 40 % des coûts informatiques d'entreprise sont imputables à des problèmes de qualité des données, tandis que 30 % des données conservées par les entreprises s'avèrent incomplètes et erronées.

 

Dépassées, les entreprises ont besoin d'aide...

La banalisation généralisée de la gouvernance des données n'existe pas dans toutes les entreprises, loin de là (hormis quelques grands comptes comme Meteo France), il y a plutôt un manque réel de gouvernance. Ce dernier n'est d'ailleurs pas toujours dû à une négligence forcée de la part des entreprises, elles sont bien conscientes qu'elles ont besoin de visibilité et les sondages en attestent. De plus comme le rappelle Cyril Van Agt, responsable avant-vente partenaires chez NetApp France, la gestion du stockage est souvent perçue comme la cinquième roue du carrosse.

 

Dans ce contexte, le problème devient de plus en plus difficile à gérer pour une entreprise. D'une part, elles font face à une croissance exponentielle du volume des données et, d'autre part, à une intensification des réglementations (Sarbanes Oxley, Bale 3 pour les banques, Solvency pour les assurances, etc, sans oublier la réglementation sur la protection des données à caractère privé et personnel). D'où l'importance du rôle des prestataires qui interviennent auprès des entreprises. « Les SSII doivent, plus encore aujourd'hui, mettre en place un plan de trafic pour faire respecter la gestion et le comportement du système en fonction des attributs des données et faire de l'analyse préventive », insiste Vincent Videlaine, directeur EMEA Strategic Alliances et Services Providers chez Symantec. Car si les entreprises ne restent pas inactives face à la gestion de leurs données, elles sont plus dans une approche palliative et moins curative.

 

Une gouvernance plutôt en phase d'expérimentation

« Aujourd'hui c'est vrai, sur ce sujet complexe, nous sommes plus dans un mode d'expérimentation de la gouvernance, il n'y a pas encore un phénomène d'industrialisation », reconnaît Jean-Baptiste Ceccaldi. Et d'ajouter : « le degré de maturité est faible, car les solutions ne répondent pas forcément aux enjeux métiers, il n'existe pas une seule gouvernance, mais plusieurs en fonction des métiers, ce qui marche pour une entreprise ne marche pas forcément pour l'autre et c'est aussi valable pour les services en interne ». Pour répondre aux métiers, les fournisseurs de solutions et de services de stockage se doivent donc d'être plus attentifs à leurs besoins réels, ceci est valable à la fois pour les grands comptes, mais encore plus pour les petites et moyennes entreprises qui ne disposent pas forcément de compétences en interne. « Pour notre coeur de cible, à savoir les PME et les TPE, nous essayons d'avoir des approches métiers, car les contraintes ne sont clairement pas les mêmes. Pour les grands comptes, je ressens effectivement que les DSI ont eu une connaissance insuffisante des métiers, il manque une couche fonctionnelle », remarque Luc D'Urso, PDG de Wooxo.

De plus, la gouvernance au niveau des métiers implique aussi pour les entreprises un travail collaboratif indispensable. Les équipes de différents services se doivent de travailler ensemble sur les problèmes de gestion de données ce qui est loin d'être le cas... Pour Guy Chesnot, architecte stockage chez SGI, ce manque de communication s'explique aussi par le manque de compétences en interne. « Il y a encore très peu de datascientists bien formés dans les entreprises, mais cela change progressivement avec la médiatisation autour des big data, les écoles et les universités en parlent de plus en plus et forment de futurs candidats... »

 

Quant aux entreprises qui sont plutôt dans une attitude « d'attentistes » face à cette gouvernance en se disant que des solutions technologiques à venir les feront à leur place, c'est pour le dirigeant du cabinet Sentelis une illusion qui n'empêchera pas la prolifération des données. Au final, les entreprises qui mènent à la fois la maîtrise de l'accroissement de la donnée et de sa qualité seront les grandes gagnantes à en croire les personnes que nous avons interviewées.